Marie-Lys CARBONEL aime peindre les champs cultivés, les maisons familières et les jardins touffus. Il lui faut ces motifs, à travers lesquels s’exprime un fort besoin d’enracinement, pour stimuler sa jubilation de regarder et de peindre. Sa peinture ne se borne cependant pas à décrire. Un long passage par l’abstraction l’a définitivement libérée de toute tentation illusionniste. Le réel lui donne seulement un tremplin. Il lui faut cette confrontation avec le chahut des apparences pour que s’épanouisse pleinement sa nature contemplative. Ce n’est qu’après ce premier temps de bagarre avec le motif que commence le travail en atelier, lent travail d’harmonisation s’échelonnant sur plusieurs mois, plusieurs années parfois, un travail fondé sur un métier translucide, tout en glacis superposés au cours duquel les paysages familiers se transforment en paysages intérieurs. Passionnée par les théories du chromatisme qu’elle a enseignées, Marie-Lys CARBONEL parle de la couleur comme d’une énergie primordiale qu’il s’agit de capturer et dompter puis de doucement ordonner. C’est à cette manière de penser que sa peinture doit sa dualité: d’un côté son caractère presque explosif, ses indicibles stridences colorées, son écriture véhémente et passionnée et, à la fois, sa qualité de doux rayonnement, cette lumière sans source localisable, émanant de l’épaisseur même de la matière. Un art où se conjuguent les réminiscences du fauvisme et une certaine tradition française de la peinture conçue comme objet de délectation et de bonheur transmise par son maître Legueult.